La gestion pilotée dans les Plans d’Epargne Retraite : opportunités et points de vigilance

La loi PACTE du 22 mai 2019 a transformé le paysage de l’épargne retraite avec la création du Plan d’Epargne Retraite (PER), un nouveau produit harmonisant les anciens dispositifs d’épargne retraite et visant une plus grande attractivité auprès des épargnants. En particulier, le PER généralise la gestion pilotée, comme mode de gestion financière par défaut. Dans le contexte de taux bas, menant à une baisse progressive des rendements des fonds en euros (voir à ce sujet notre baromètre des rendements 2020 des fonds en euros en retraite supplémentaire), la généralisation de la gestion pilotée semble être une solution efficace pour optimiser le rendement espéré de l’assuré à long terme, au travers d’une gestion diversifiée d’une partie de son épargne dans des Unités de Comptes (UC) et en sortant du modèle de gestion à « 100% sur le fonds en euros ».

Qu’est-ce que la gestion pilotée ?

La gestion pilotée est un mode de gestion financière consistant à confier l’épargne à un professionnel en vue d’optimiser les placements en fonction de l’âge, du profil de risque et de l’horizon de départ à la retraite de l’épargnant. Le professionnel va ainsi répartir l’épargne du salarié dans différents supports (généralement entre 3 et 7) selon ces 3 critères et faire varier l’allocation dans le temps. Le principe général est celui de la désensibilisation, c’est-à-dire le fait d’avoir une exposition en supports dynamiques d’autant plus élevée que l’horizon est long, et une diminution progressive de la part des avoirs investis en supports dynamiques au profit de supports plus défensifs à mesure que l’âge de départ théorique à la retraite s’approche. Ce mode de gestion de l’épargne est utilisé par défaut depuis 2015 dans les PERCO.

La gestion pilotée présente de nombreux avantages pour l’épargnant. En effet, l’épargne étant confiée à des professionnels, ces derniers, experts dans leur domaine, constituent des grilles adaptées aux marchés financiers qui offrent (en théorie) de meilleurs rendements sur le long terme que ceux que pourrait obtenir un investisseur en gestion libre. De plus, la gestion pilotée empêche les épargnants de céder des actifs lorsque ceux-ci perdent beaucoup de valeur car ils ne décident pas de l’allocation de leur épargne. Ils évitent ainsi de sur-réagir aux fluctuations voire aux crises des marchés financiers (on évoque souvent la « psychologie du petit porteur »).

Quelles sont les caractéristiques de la gestion pilotée des PER ?

L’arrêté du 7 août 2019, relatif à la mise en place du PER, définit 3 profils d’investissement correspondant à 3 profils de risque (prudent, équilibré ou dynamique). Pour être défini comme prudente, équilibrée ou dynamique, une grille doit comporter une part de supports à faible risque au minimum égale à un certain seuil dont la valeur varie selon le profil et l’horizon de départ (voir tableau ci-dessous).

Seuils minimums d’actifs à faible risque (source : Galea & Associés, référence : arrêté PACTE du 7 août 2019)

Par exemple, à 5 ans du départ à la retraite, une grille prudente doit contenir au minimum 80% d’actifs à faible risque contre 50% pour une grille équilibrée et 30% pour une dynamique.

Des actifs sont dits à faible risque lorsque leur SRRI (indicateur synthétique de risque et de rendement) est inférieur ou égal à 3. Cet indicateur a pour principal objectif de permettre la comparaison de la totalité des supports sur une même échelle de risque puisque pour chaque support, le gestionnaire est tenu de calculer la valeur, comprise entre 1 (placement peu risqué) et 7 (placement très risqué), de cet indicateur. Le calcul du SRRI est basé sur la volatilité historique estimée à partir des performances hebdomadaires (ou mensuelles si impossible) sur un échantillon correspondant aux 5 dernières années du support évalué. Un support dont le SRRI est inférieur à 3 possède une volatilité historique inférieure à 5% sur les 5 dernières années.

La figure suivante présente 3 exemples de rythme de sécurisation pour 3 PER individuels du marché. Pour ces 3 PER, le rythme de sécurisation est plus prudent que le minimum réglementaire.

Proportion d’actifs à faible risque pour la grille de gestion pilotée dite « équilibrée » de 3 PER individuels du marché (source : Galea&Associés)

Dans le but d’encourager le financement d’entreprises de petite ou moyenne taille, chaque grille d’un PER entreprise doit détenir un ou plusieurs fonds investis dans des PME représentant au maximum 10% de l’allocation totale. Si cette condition est respectée, l’entreprise souscriptrice bénéficie d’une réduction du forfait social (de 20% à 16%). Cette condition était fixée à 7% de fonds PME dans le cadre des anciens dispositifs PERCO et devra tendre progressivement vers 10% à horizon du 1er janvier 2023.

Afin de suivre la grille proposée, le gestionnaire doit modifier régulièrement l’allocation de l’épargne. On parle de réallocation ou d’arbitrage automatique. Ces arbitrages doivent être réalisés au minimum une fois par semestre et assurent que l’épargne est bien répartie selon la grille choisie et l’âge de l’épargnant. Ils permettent de sécuriser progressivement les plus-values.

Quels points de vigilance ?

Lorsqu’elle souhaite offrir à ses salariés un PER, l’entreprise doit veiller à ce que son prestataire lui propose des grilles conformes aux besoins de ses salariés. Dans un premier temps, elle doit réfléchir au nombre de grilles à proposer à ses salariés. En effet, plus il y a de grilles, plus le salarié a de choix et peut donc se sentir perdu. On s’aperçoit par ailleurs que les salariés sont majoritairement investis dans une seule grille lorsqu’il y a plusieurs grilles proposées. De plus, les grilles proposées doivent respecter les contraintes de chaque entreprise (les salariés ont-ils une bonne connaissance des marchés financiers ? Ont-ils la volonté d’investir de manière risquée ?).

Dans sa caractérisation des actifs de sécurisation, l’arrêté du 7 août 2019 précise qu’ils peuvent être exprimés en unités de comptes à faible risque, en parts de fonds eurocroissance ou en engagements en euros. Ces derniers, bien que de moins en moins performants, restent encore aujourd’hui très appréciés des épargnants mais sont disponibles uniquement dans des PER assurantiels. Les souscripteurs doivent donc être vigilants sur la nature des fonds de sécurisation proposés dans leurs grilles.

De l’autre côté de l’échelle du risque, les gestionnaires de PER peuvent désormais proposer dans leurs grilles des des actifs illiquides (non-coté, private equity, immobilier…) Certains PER assurantiels peuvent proposer des garanties complémentaires comme la garantie plancher. La garantie plancher se définit comme une garantie offrant aux bénéficiaires désignés le versement d’un capital complémentaire en cas de décès du titulaire du plan. Ce capital est égal à la différence entre le cumul des versements investis nets de frais et la valeur acquise de ces versements, et permet de combler les éventuelles moins-values au moment du décès du titulaire. Cette garantie peut comporter un plafond de capital garanti ou encore une limite d’âge de survenance du décès. Cette garantie n’est présente que dans les seuls PER assurantiels et est même parfois imposée par défaut. Des garanties planchers « en cas de vie » existent également, elles garantissent une valeur minimale de l’épargne en fin de période de constitution. Néanmoins, il faut garder à l’esprit que ces garanties, optionnelles ou non, ont un coût, prélevé par l’assureur sur les encours et réduisent donc la rentabilité… 

En plus de la définition des 3 profils d’investissement, l’arrêté du 7 août 2019 impose également que le gestionnaire du plan informe avant l’ouverture du plan, puis chaque année, le titulaire sur les performances de chaque actif présent dans la grille et le montant des frais appliqués. Ces frais sont principalement composés de frais de gestion financière des supports (prélevés par les gérants des fonds), de frais de gestion du plan (prélevés par le gestionnaire du plan au titre notamment des coûts d’acquisition et de gestion des contrats) et des rétrocessions de commissions. Le montant des frais de gestion du plan varie selon la nature du gestionnaire. Le renforcement du devoir d’information vise à donner de la confiance à l’investisseur ainsi qu’à le protéger puisque les gestionnaires doivent se montrer plus transparent sur leurs frais.

L’ensemble de ces informations doit être présenté dans un tableau de forme suivante :

Tableau d’informations relatives aux performances des actifs (source : Arrêté du 7 août 2019)

La généralisation de la gestion pilotée dans les PER doit permettre aux investisseurs d’obtenir un meilleur rendement tout en les protégeant et en les informant davantage. Ce nouveau mode de gestion amène néanmoins de nouveaux questionnements auxquels l’entreprise ne peut pas toujours répondre seule.

Les consultants de GALEA se tiennent à votre disposition pour vous accompagner dans la mise en œuvre de votre offre PER.

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