Les enjeux
Les modèles de projection actif-passif sont utilisés en Vie depuis de nombreuses années, et ce bien avant la réforme Solvabilité 2 qui a rendu obligatoire leur utilisation dans le cadre du calcul du Best Estimate et du SCR. En Non Vie, peu d’acteurs ont mis en place ces outils, et ce pour plusieurs raisons :
- une duration des passifs courte voire très courte, ne nécessitant peu ou pas de gestion ALM,
- une rentabilité et des risques essentiellement concentrés sur le résultat technique et le risque de souscription,
- une absence de nécessité de calcul du coût des options et garanties telle qu’existant sur les produits d’épargne ou de retraite.
Ces éléments nécessitent cependant d’être nuancés :
- si en moyenne la duration des passifs est courte, il existe des branches à développement long, comme les rentes suite à des sinistres corporels en automobile par exemple. Une approche ALM visant à compenser la faiblesse du résultat technique par du résultat financier a tout son sens, à condition qu’elle ne vienne pas surajouter au risque technique un risque de marché mal maitrisé.
- si l’essentiel des risques et de leur suivi provient du résultat technique, il n’en demeure pas moins que la plupart des sociétés Non Vie sont exposées au risque de marché, comme le montre l’étude de l’ACPR publiée fin 2015 sur l’exercice préparatoire à l’entrée en vigueur de Solvabilité 2
- s’il n’est pas nécessaire de calculer le coût des options et garanties, en l’absence d’interactions actif-passifs, l’ORSA et en particulier la définition de l’appétence au risque, la déclinaison en limites et budget de risques, et le calcul du besoin global de solvabilité se déclinent souvent en association avec un niveau de probabilité. Les modèles stochastiques permettant de générer des distributions des indicateurs choisis prennent alors tout leur sens.
Le principe d’un outil de projection
Les différents usages des projections en Non Vie
Les projections effectuées permettent d’analyser :
- dans le cadre d’une gestion ALM :
- les cash-flows de trésorerie, en mensuel sur les 3 premières années puis en annuel sur 10 ans,
- les écarts de duration actif-passif,
- les performances en termes de rendement financier, de création de richesse et de risque de différentes allocations d’actifs.
- dans le cadre de la réalisation de business plan et de l’ORSA :
- les projections des provisions comptables et prudentielles,
- les projections des valeurs comptables et des valeurs de marché des actifs,
- les comptes de résultat en social,
- les SCR projetés
- le bilan comptable et le bilan prudentiel
Les « + » d’un modèle stochastique
L’apport d’un modèle stochastique est particulièrement important lorsque l’on s’intéresse à :
- l’étude de différents scénarios financiers, permettant de tracer une frontière efficiente et de choisir les différentes allocations d’actifs en fonction d’un couple rendement-risque,
- l’étude de différents niveaux de S/P,
- une étude plus fine de l’appétit au risque.
Prenons par exemple le cas d’un assureur qui souhaite réduire son niveau de risque global, en s’assurant de ne pas subir une perte supérieure à un niveau donné. Plusieurs solutions s’offriraient à lui :
- revoir la souscription ou la tarification, par exemple en augmentant les primes ou en stoppant les lignes d’activités non rentables,
- augmenter la réassurance,
- réduire la part des actifs risqués dans le portefeuille de placements,
- souscrire à une couverture via des produits dérivés.
Un outil stochastique permettrait de tester chacune de ces stratégies sur plusieurs milliers de scenario, d’isoler celles permettant d’atteindre le niveau de risque souhaité, et de retenir ceux offrant les résultats moyens les plus élevés.
Ainsi, grâce à ce type d’outil, il sera désormais possible de répondre à la question « Quel est le risque que mes critères de tolérance ne soient pas respectées ? »