Rapport DREES sur la situation financière des organismes assureurs complémentaires santé : synthèse et commentaires

Selon le dernier rapport de la DREES, malgré des cotisations santé en hausse, les excédents des complémentaires santé ont fondu de plus de 90%, s’établissant à 49 M€ en 2021.  Cette synthèse détaille les principales informations de ce rapport.

Bien que plus vaste que celui de nos voisins européens, le marché français de l’assurance santé confirme sa tendance à se concentrer avec une nouvelle baisse du nombre d’organismes exerçant une activité d’assurance santé en 2021 (417 en 2021, soit 4 fois moins qu’en 2001). Les 20 plus grands organismes en santé représentent 41% des parts de marché en 2021 (+13 points par rapport à 2011). 

Alors que la dynamique des cotisations avait été enrayée en 2020 par la crise de Covid-19, les organismes complémentaires ont collecté 39,4 milliards d’euros sur l’exercice 2021 (+3,1% hors taxes, après une baisse de -0,3% en 2020). Cette augmentation est largement portée par les contrats collectifs (+5,8%) qui retrouvent une forte dynamique après la faible hausse enregistrée en 2020 (+0,2%). Ainsi, en 2021, les contrats collectifs représentent 50% des cotisations collectées en santé (+1,3% par rapport à 2020), un niveau atteint pour la première fois depuis la mise en place de la généralisation de la complémentaire santé d’entreprise en 2015.

S’agissant des prestations servies aux assurés, on observe un net rebond en 2021, par contrecoup après la baisse enregistrée en 2020 liée à la crise de Covid-19. Elles s’élèvent à 31,6 milliards d’euros hors frais de gestion des sinistres (+6,1% par rapport à 2020, +4,2% par rapport à 2019). Cette évolution est également liée à l’augmentation de la consommation des paniers « 100% Santé » sur les prothèses auditives (+58%) et le dentaire (+17%) pour lesquels les organismes complémentaires jouent un rôle important dans le financement. En 2021, les organismes complémentaires ont financé 61% de la dépense en prothèses dentaire, 37% de la dépense en audioprothèses et 71% de la dépense en optique.

Les organismes reversent globalement aux assurés 80% de leurs cotisations hors taxe sous forme de prestations. Les contrats collectifs apparaissent plus avantageux pour les assurés (86% de redistribution des cotisations) que les contrats individuels (74%). Cet écart est principalement expliqué par le plus grand nombre de contrats collectifs déficitaires qui bénéficient de coût de gestion négociés et de prix souvent plus avantageux.

Le poids des frais de gestion dans les cotisations collectées est stable depuis 2015, à 20%. Les charges de gestion des contrats collectifs sont inférieures à celle des contrats individuels (respectivement 18% contre 21%), notamment grâce aux frais d’acquisition sensiblement plus faibles. On notera que ce constat général devrait être nuancé car de fortes disparités existent en réalité entre les différents types de contrats collectifs, en témoigne la hausse des coûts d’acquisition mise en avant par certains organismes sur les contrats dits « de branche » depuis la fin des clauses de désignation.

L’augmentation des prestations servies étant sensiblement plus forte que celle des cotisations, le résultat technique en santé est au global quasiment nul : 0,1% des cotisations collectées hors taxes. Des écarts subsistent entre contrats collectifs et individuels. Les contrats collectifs sont globalement déficitaires depuis 2011 et le résultat technique de 2021 confirme cette tendance (-3,8% des cotisations). A l’inverse, les contrats individuels continuent d’être excédentaires (+4,0%).

Les premiers chiffres pour l’exercice 2022 et les prévisions pour 2023 semblent confirmer la tendance de 2021 avec une consommation en santé toujours en hausse, aggravée par le transfert de charge de 300 M€ (a minima) vers les organismes complémentaires prévu dans le cadre des discussions en marge de la LFSS 2023. La forte augmentation du Plafond Annuel de la Sécurité Sociale après deux années de gel (+6,9% au 1er janvier 2023, s’établissant à 43 992€) ne devrait pas suffire à contenir la dérive des frais de santé.

Face à ce constat, notamment en collectif, les organismes complémentaires ont majoritairement affiché une volonté de redressement de la rentabilité de leur portefeuille via une politique de redressement tarifaire plus forte pour 2023 et une renégociation à la hausse des niveaux de frais de gestion contractuels.

Toutefois, la dérive des prestations observée dans les comptes 2021 et prévisionnels 2022 sur la majorité des contrats collectifs est essentiellement liée à des phénomènes récents : rattrapage des soins post crise sanitaire et mise en œuvre du dispositif 100% Santé. Il conviendra donc de mener des analyses spécifiques en 2023, avec 2 années de recul, afin de statuer sur la pérennité de ces niveaux de consommation élevés et d’en tirer les conséquences. Le cabinet GALEA vous accompagne sur les grands chantiers à mener pour l’assurance santé complémentaire en 2023 :

  • Maîtriser le risque
    • Mieux connaitre les déterminants pour mieux anticiper les évolutions
    • Optimiser le pilotage à l’aide de la data science et datavisualisation, qui permettent aux souscripteurs de réagir plus rapidement que par le passé aux évolutions de la sinistralité
    • Piloter plus efficacement le financement, et envisager par exemple la mise en place de réserves de lissage pour accompagner les évolutions de la sinistralité et disposer de ressources autres que les cotisations au moment des pics de sinistralité
  • S’adapter
    • Ajuster les garanties avec pédagogie
    • Disposer de coûts de gestion optimisés (rapport qualité/prix)
  • Sortir du « tout curatif »
    • Cibler les dispositifs de prévention en lien avec la politique de Qualité de Vie au Travail (QVT)
    • Faire de la complémentaire santé un véritable atout de la marque employeur et du positionnement de branche, au même titre que les autres garanties de protection sociale (prévoyance, retraite, épargne salariale, gestion des fins de carrières, etc.).

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