Baromètre des rendements 2021 des actifs en euros en Retraite supplémentaire d’Entreprise

Les principaux organismes assureurs opérant sur le marché de la Retraite Supplémentaire d’Entreprise, ont communiqué le rendement de leur actif en euros, pour l’année 2021.

L’étude qui suit, dresse un état des lieux des taux de rendement 2021, et en propose une mise en perspective, dans un contexte incertain, marquée par une remontée rapide de l’inflation et des taux d’intérêt.

Le panel des 9 organismes assureurs interrogés, et qui ont communiqué leur taux de rendement pour l’exercice 2021, représente 84 % de la collecte en Retraite Collective, et 84% de la collecte sur les dispositifs collectifs à Cotisations Définies[1].

Recul du rendement moyen brut des actifs généraux dans un contexte de crise sanitaire inédit et de taux durablement bas

Le taux de rendement brut moyen[2] poursuit son érosion progressive année après année (voir Tableau 1). Ce taux s’entend hors bonification liée aux produits souscrits (comme la proportion d’Unités de Compte). Ce sujet est abordé plus loin dans cet article.

Le taux de rendement brut moyen (non pondéré) a ainsi perdu 1,30% sur la période 2015-2021, passant de 3,36% pour l’année 2015 à 2,06% pour l’année 2021. Le recul du taux de rendement brut moyen observé est marqué cette année : -27 bps en 2021, contre – 9 bps en 2020.

Tableau 1 – Evolution entre 2015 et 2021, du taux de rendement brut de l’actif en euros des assureurs du panel GALEA 2021.

Une érosion qui demeure contenue grâce notamment au stock d’obligations ancienne

Du fait de la prépondérance de la part obligataire dans la structure des placements, les actifs en euros bénéficient d’une forte inertie des rendements qui explique en partie pourquoi l’érosion des taux de rendement reste contenue par rapport à la baisse de taux de marché, qui sont régulièrement restés en territoire négatif depuis mi 2019 (cf. Figure 1).

Figure 1 – Taux moyen des OAT à 10 ans (Source : Banque de France)

L’environnement de taux durablement bas a placé les assureurs dans une situation d’investissement à des conditions moins favorables, dans des actifs à des taux bas au fur et à mesure de l’arrivée à échéance des anciennes obligations en portefeuille, grevant la performance des actifs en euros sur le long terme, et réduisant les espérances de revalorisation futures pour les assurés. D’où l’importance d’une bonne gestion de la duration des investissements obligataires adossant les engagements de retraite pour contenir la dilution du taux de rendement du fonds en euros.

La remontée des taux d’intérêt depuis la fin 2021 (taux d’emprunt de l’Etat français au-dessus de 1,50% en mai 2022) pourrait-elle changer la donne pour l’exercice 2022 ?

Du fait de l’inertie des taux de rendement, il faudra plus qu’une année avant de pouvoir constater une réelle inflexion. En effet, les obligations anciennes en portefeuille arrivant à échéance procuraient un rendement encore (nettement) supérieur à celui offert par les obligations dans les conditions actuelles.

Une politique de distribution « à la carte »

Les taux de rendement bruts, servis par les organismes assureurs, dont l’historique est présenté ci-dessus correspondent à un taux minimum sur l’épargne en cours de constitution. Pour autant, on constate depuis quelques années différentes politiques de participation aux bénéfices, en fonction des objectifs recherchés par les organismes assureurs :

Pour les entreprises et les assurés, de nouveaux enjeux dans le choix de la gestion financière

Le simple comparatif des taux de rendement bruts sur les actifs en euros, distribués par un organisme assureur, d’une année sur l’autre, ou bien entre deux opérateurs, n’est ni suffisant, ni pertinent, pour prendre une décision éclairée, dans le choix de son opérateur, ou dans celui de sa gestion financière.

Il faut tout d’abord rappeler qu’au-delà de la seule performance distribuée, les souscripteurs de contrats collectifs doivent être vigilants sur plusieurs points pour suivre la revalorisation de leur contrat de retraite supplémentaire :

Le choix des supports en euros ne peut plus s’imposer a priori comme le meilleur. La garantie du capital se paie désormais au prix d’une rémunération de plus en plus faible, qui – une fois diminuée des frais sur encours – peut s’avérer (très) inférieure à l’inflation[3]. Dans le cas des PER, la constitution d’une Epargne Retraite supplémentaire qui pourra augmenter sensiblement le taux de remplacement d’un salarié, devrait s’appuyer sur la recherche d’un rendement supérieur. C’est l’un des aspects dont les pouvoirs publics ont tenu compte, à l’occasion de la Loi PACTE, en incitant les épargnants à retenir par défaut, une gestion pilotée, c’est-à-dire comportant une part en Unités de Comptes.

Dès lors, le choix d’un dispositif assurantiel doit également s’accompagner d’une analyse des supports en UC proposés par l’opérateur, et vers lesquels l’entreprise et/ou les salariés pourront orienter leurs versements.

En particulier, devront être examinés la structure même des grilles de gestion proposées, mais surtout les supports qui la composent : nature et performances des sous-jacents, niveau des frais et des rétrocessions accordées à l’organisme assureur, indices de référence prévus, et comparatif avec des fonds équivalents…. Cette étude devra naturellement être réalisée lors de la souscription, mais c’est son caractère régulier, qui permettra au dispositif de fonctionner dans les meilleures conditions, au bénéfice de toutes les parties (entreprise, salariés, organisme assureur).

Une autre caractéristique à prendre en compte est le développement des fonds de retraite professionnelle supplémentaire (FRPS), une solution retenue par les grands acteurs du marché. Le FRPS est une structure permettant d’accueillir tout ou partir des engagements d’épargne retraite d’entreprise. Son régime prudentiel, pour sa partie quantitative, est proche de Solvabilité 1, permettant d’alléger les contraintes en termes de fonds propres pour l’assureur. Le FRPS facilite une allocation d’actifs de long terme plus dynamique et statistiquement plus performance. Les engagements transférés dans les FRPS sont cantonnés. Il convient donc de rester vigilant sur les autres passifs présents dans le FRPS.

Les consultants de Galea & Associés, et EPS Partenaires suivent pour vous l’actualité et sont à votre disposition pour échanger sur vos dispositifs de Retraite Supplémentaire, et d’Epargne Salariale.

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[1]  Cotisations encaissées en France en 2020, en affaires directes (brutes de réassurance, hors acceptations) [source : L’Argus de l’Assurance].

[2] Le taux de rendement s’entend net des frais de gestion financière et brut des chargements contractuels (ces derniers sont propres à chaque contrat d’assurance). Les rendements communiqués par les organismes assureurs n’ont pas fait l’objet d’un audit par GALEA & Associés.

[3] L’inflation mesurée par l’INSEE ressort à environ 5% (en glissement annuel) en avril 2022

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