Les principaux organismes assureurs opérant sur le marché de la Retraite Supplémentaire d’Entreprise, ont communiqué le rendement de leur actif en euros, pour l’année 2020.
L’étude qui suit, dresse un état des lieux des taux de rendement 2020, et en propose une mise en perspective, dans un contexte économique toujours lié à la situation sanitaire, mais alors que le paysage de l’Epargne Retraite a été redessiné par la Loi PACTE, en 2019.
Le panel des 10 organismes assureurs interrogés, et qui ont communiqué leur taux de rendement pour 2020 représente 76 % de la collecte en Retraite Collective, et 86 % de la collecte sur les dispositifs collectifs à Cotisations Définies[1].
Recul du rendement moyen brut des actifs généraux dans un contexte de crise sanitaire inédit et de taux durablement bas
Le taux de rendement brut moyen[2]poursuit son érosion progressive année après année (voir Tableau 1).
Le taux de rendement brut moyen (non pondéré) a ainsi perdu 1,07% sur la période 2015-2020, passant de 3,49% pour l’année 2015 à 2,42% pour l’année 2020. Le recul du taux de rendement brut moyen observé s’accélère désormais (- 32 bps en 2020, contre – 27 bps en 2019, et – 8 bps en 2018).
Une érosion qui demeure contenue grâce notamment au stock d’obligations anciennes
Cet environnement de taux durablement bas place les assureurs dans une situation d’investissement à des conditions moins favorables, dans des actifs à des taux de plus en plus bas au fur et à mesure de l’arrivée à échéance des anciennes obligations en portefeuille, grevant la performance des actifs en euros sur le long terme, et réduisant les espérances de revalorisation futures pour les assurés. D’où l’importance d’une bonne gestion de la duration des investissements obligataires adossant les engagements de retraite pour contenir la dilution du taux de rendement du fonds en euros.
Une politique de distribution « à la carte »
Les taux de rendement brut, servis par les organismes assureurs, dont l’historique est présenté ci-dessus correspondent à un taux minimum sur l’épargne en cours de constitution. Pour autant, on observe différentes politiques de participation aux bénéfices, en fonction des objectifs recherchés par les organismes assureurs :
– Une disparité de plus en plus importante, en fonction des produits : les opérateurs semblent segmenter de plus en plus leur portefeuille, en vue d’une attribution de PB différenciée suivant les encours. Il peut s’agir de favoriser le lancement des produits les plus récents (nouveaux PER, en particulier), ou de décourager la collecte sur des gammes devenues trop onéreuses en termes de contraintes réglementaires.
– La généralisation des bonus de rendement… afin d’inciter les entreprises et les assurés à limiter leurs encours placés sur le fonds euros, les organismes assureurs sont de plus en nombreux à accorder un bonus de rendement (sur l’épargne en euros) lorsqu’une part significative de l’épargne est investie en Unités de Comptes (UC). En 2020, un assureur propose de majorer son rendement brut de 1,70 % lorsque l’essentiel de l’épargne est exprimé en UC. Ce bonus s’applique certes sur une assiette très réduite.
– … suivant différents indicateurs : traditionnellement, le déclenchement de ces bonus de rendement survenait au regard du ratio €/UC de chaque compte individuel de retraite, ou de chaque fonds collectif. On observe désormais d’autres types d’indicateurs, comme l’analyse globale du ratio €/UC sur l’ensemble du contrat d’assurance, et bien sûr le choix de la gestion pilotée pour les PER. Il n’est désormais plus rare d’obtenir un taux de rendement de l’actif en euros bonifié, dans les dernières années avant la liquidation d’un compte individuel : une façon pour l’assureur de favoriser les épargnants qui avaient joué le jeu de la gestion pilotée… et assumé la part de risque qu’elle comporte.
Pour les entreprises et les assurés, de nouveaux enjeux dans le choix de la gestion financière
Le simple comparatif des taux de rendement bruts sur les actifs en euros, distribués par un organisme assureur, d’une année sur l’autre, ou bien entre deux opérateurs, n’est ni suffisant, ni pertinent, pour prendre une décision éclairée, dans le choix de son opérateur, ou dans celui de sa gestion financière.
Il faut tout d’abord rappeler qu’au-delà de la seule performance distribuée, les souscripteurs de contrats collectifs doivent être vigilants sur plusieurs points pour suivre la revalorisation de leur contrat de retraite supplémentaire :
– En amont, la stratégie d’investissement de l’opérateur, en termes d’allocation d’actifs, et d’exposition aux différentes classes d’actif ;
– En aval de celle-ci, la politique de mise en provision d’une partie des rendements de l’actif en euros, dans la « Provision pour Participation aux Excédents » notamment qui permet de lisser dans le temps la distribution des résultats issus de la gestion du fonds en euros,
– Enfin, les conditions contractuelles qu’ils ont négociées, notamment sur les taux de participation aux bénéfices, et sur les taux de prélèvements sur encours.
Mais il faut également accepter que dans le contexte de taux bas qui s’installe, le choix des supports en euros ne peut plus s’imposer a priori comme le meilleur. La garantie du capital se paie désormais au prix d’une rémunération de plus en plus faible, qui – une fois diminuée des frais sur encours – se rapprochera de l’inflation. Dans le cas des PER, la constitution d’une Epargne Retraite supplémentaire qui pourra augmenter sensiblement le taux de remplacement d’un salarié, devrait s’appuyer sur la recherche d’un rendement supérieur. C’est l’un des aspects dont les pouvoirs publics ont tenu compte, à l’occasion de la Loi PACTE, en incitant les épargnants à retenir par défaut, une gestion pilotée, c’est-à-dire comportant une part un Unités de Comptes.
Dès lors, le choix d’un dispositif assurantiel doit également s’accompagner d’une analyse des supports en UC proposés par l’opérateur, et vers lesquels l’entreprise et/ou les salariés pourront orienter leurs versements.
En particulier, devront être examinés la structure même des grilles de gestion proposées, mais surtout les supports qui la composent : nature et performances des sous-jacents, niveau des frais et des rétrocessions accordées à l’organisme assureur, indices de référence prévus, et comparatif avec des fonds équivalents…. Cette étude devra naturellement être réalisée lors de la souscription, mais c’est son caractère régulier, qui permettra au dispositif de fonctionner dans les meilleures conditions, au bénéfice de toutes les parties (entreprise, salariés, organisme assureur).
Les consultants de Galea & Associés, et EPS Partenaires suivent pour vous l’actualité et sont à votre disposition pour échanger sur vos dispositifs de Retraite Supplémentaire, et d’Epargne Salariale.
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[1] Cotisations encaissées en France en 2019, en affaires directes (brutes de réassurance, hors acceptations) [source : L’Argus de l’Assurance].
[2] Le taux de rendement s’entend net des frais de gestion financière et brut des chargements contractuels (ces derniers sont propres à chaque contrat d’assurance). Les rendements communiqués par les organismes assureurs n’ont pas fait l’objet d’un audit par GALEA & Associés.