Tous les deux ans, le CTIP réalise un baromètre permettant de connaître les attentes des salariés du secteur privé en termes de couverture de protection sociale complémentaire (santé, prévoyance, retraite) mais également d’apprécier l’image qu’ils ont des institutions de prévoyance. Les résultats du 13ème baromètre ont été publié le 17 janvier 2020 et se basent sur un panel de 1000 salariés et de 1000 responsables d’entreprises interrogés.
GALEA revient sur les principaux enseignements de l’étude :
Une méconnaissance générale des récentes évolutions réglementaires : moins de 50% des sondés ont entendu parler du 100% Santé, de la résiliation infra annuelle ou de la Loi Pacte. Ce constatpourrait nuancer les impacts attendus de ces réformes par exemple en termes de taux de recours pour le 100% santé (Voir « Mise en place de la réforme 100% Santé : les impacts attendus ») ou en termes de dégradation de la mutualisation pour la résiliation infra annuelle. Cependant, l’enquête a a priori été menée en milieu d’année 2019 : les grandes campagnes de communication sur 100% Santé ont été menées plus tardivement. Il sera utile de suivre le niveau de connaissance des évolutions réglementaires dans 1 ou 2 ans. Pour la résiliation infra-annuelle, il reste près d’un an avant l’entrée en vigueur, ces dispositions pourront donc gagner en « popularité ». Leur impact pourrait par ailleurs être progressif, comme ce fut le cas pour d’autres produits suite à la Loi Hamon (hausse progressive des taux de résiliation infra-annuelle avec l’« expérience » des assurés).
Concernant la santé et la prévoyance
- 66% des salariés informés de la réforme estiment que le 100% santé entrainera une augmentation du prix de la complémentaire contre 80% des responsables d’entreprises.
- Concernant la résiliation infra annuelle, les salariés informés des dispositions sont 43% à espérer une baisse des tarifs et une même proportion s’attend à une baisse de la couverture santé. Les chefs d’entreprises sont 83% à penser qu’elle permettra aux assurés de changer plus facilement de contrat de santé. Rappelons que la hausse de la concurrence et par suite la baisse des tarifs est l’objectif poursuivi par le gouvernement avec l’introduction de ces mesures. Les impacts pourraient en réalité être inflationnistes, notamment du fait d’une complexification de la gestion et d’une moindre mutualisation. Ils doivent être étudiés spécifiquement sur chaque portefeuille afin de mettre en place de nouvelles stratégies.
- En 2019, 8% des entreprises n’ont toujours pas mis en place de couverture santé collective. Pour 39% d’entre-elles la raison est tarifaire (contre 29% en 2017) et 15% de ces entreprises se disent en difficulté pour trouver un organisme assureur (contre 5% en 2017). La réforme de la résiliation infra annuelle pourrait améliorer ces situations en accentuant davantage l’environnement concurrentiel des organismes assureurs en santé.
- Une corrélation entre le taux de couverture et le niveau de précarité des contrats de travail : 35% des travailleurs précaires restent peu couverts contre 75% des salariés en CDI. Cependant, ce taux croit avec la taille des entreprises : 50% des entreprises de moins de 10 salariés sont équipées contre 85% des entreprises de 200 salariés et plus.
- Les salariés sont satisfaits du prix de leur complémentaire santé : 49% des salariés possédant une complémentaire santé collective affirment que cette dernière est au juste prix et 26% pensent même que « le prix n’est pas cher ». Les effets combinés du financement employeur et de la mutualisation, qui permet de contenir les couts, peuvent expliquer ces retours positifs. Ils confirment l’intérêt des contrats collectifs et justifient l’importance grandissante de la protection sociale dans les politiques RH.
- Une progression des options facultatives est observée : les contrats collectifs obligatoires avec options facultatives constituaient seulement 15% des contrats collectifs souscrits contre 40% aujourd’hui. Ces options répondent à la demande des salariés de disposer d’une couverture de haut niveau.
- En 20 ans, la part des CDD a été multipliée par 2,5 et leur durée moyenne ne cesse de baisser : Actuellement, 83% des CDD conclus durent moins d’1 mois.Cette évolution du marché du travail pourrait augmenter les dispenses d’affiliation au contrat collectif de complémentaire santé (faculté de renonciation pour les titulaires de CDD de moins de 3 mois sous conditions). Elle devra donc être suivie avec attention et être prise en compte dans les process de souscription.
- En 2019, 85% des salariés bénéficient d’au moins une garantie de prévoyance. Ce chiffre est stable ces dernières années. Le type de garantie le plus fréquent d’après les réponses à l’enquête reste le versement d’indemnités journalières en cas d’arrêt de travail. On peut s’interroger sur la pertinence de la prédominance de ce type de prestations par rapport aux risques « lourds » et notamment l’Invalidité. Dans un contexte de hausse marquée et continue de l’absentéisme, ces constats pourraient être amenés à évoluer dans les prochaines années. Par ailleurs, il convient de suivre avec attention les négociations en cours sur la définition de l’encadrement qui pourraient impacter sensiblement les régimes de protection sociale à moyen terme (évolution des périmètres ? modification des dispositions obligatoires pour les cadres ?).
Concernant la prévention
- 81% des salariés jugent qu’il est dans le rôle de l’organisme assureur de proposer et de développer des actions de prévention santé et de prévoyance au sein de l’entreprise. Ce type d’actions constitue un enjeu de différenciation majeur pour les organismes assureur sur un marché très concurrentiel. La difficulté réside dans l’identification des actions les plus pertinentes parmi les offres existantes : les techniques de data science constituent un apport important sur le traitement de ces problématiques.
- Salariés comme employeur sont unanimes quant aux actions de prévention à mettre en place prioritairement : les bilans de santé occupent la première place (+ de 65%) devant les ateliers de prévention (58%), les dépistages (+ de 40%) et le sevrage tabagique (environ 20%).
Les nouveaux enjeux de la longévité – retraite et prévoyance :
- La retraite et plus précisément son financement est le domaine d’inquiétude majeur devant le traitement de la pauvreté et de l’exclusion.
- 56% des salariés disposent d’une épargne retraite et plus de la moitié des entreprises ont mis en place des dispositifs d’épargne retraite par la seule décision de l’employeur. La Loi Pacte qui crée de nouvelles opportunités, et les modifications majeures prévues par la réforme des retraites de 2020, devraient faire évoluer les stratégies RH sur ces domaines et les offres des assureurs.
- La prise en charge des personnes âgées dépendantes est la 3ème préoccupation après la retraite et le traitement de la pauvreté. Néanmoins ces inquiétudes restent générales et peu personnelles : 11% des salariés s’estiment concernés par le risque dépendance. Le sujet est toutefois davantage investi par les entreprises, plus de la moitié (58%) est intéressée ou a déjà mis en place une garantie dépendance.
L’étude révèle de grandes inquiétudes quant aux évolutions réglementaires récentes en santé et en retraite mais également à l’égard de l’essor du risque dépendance et met l’accent sur les nouvelles attentes des assurés en termes de garantie. Le Cabinet GALEA peut vous accompagner dans la mise en œuvre de ces réformes et l’adaptation de vos dispositifs de protection sociale et épargne salariale pour répondre aux nouveaux besoins des assurés.