Baromètre des rendements des fonds généraux en Retraite supplémentaire

Le rendement moyen brut des actifs généraux poursuit son recul dans un environnement de taux durablement bas

D’après le benchmark réalisé sur les fonds généraux euros d’organismes assureurs adossant notamment des contrats de retraite collective, le taux de rendement[1] moyen poursuit son érosion progressive année après année (voir Tableau 1).

Le taux de rendement moyen (non pondéré) a ainsi perdu 0,79% sur la période 2015-2019, passant de 3,51% au 31/12/2015 à 2,72% au 31/12/2019. Le recul du taux de rendement brut moyen observé est plus conséquent en 2019 (moins 0,21%) qu’en 2018 (moins 0,08%). La plupart des assureurs de notre étude ont vu leur taux de rendement poursuivre en baisse ces trois dernières années même si certains acteurs majeurs sont parvenus à stabiliser le rendement de leur actif général sur cette période ou ont montré un taux de rendement légèrement haussier entre 2018 et 2019.

Tableau 1 – Taux de rendement brut du fonds général retraite des assureurs du panel[2] GALEA entre 2015 et 2019

Une érosion qui demeure contenue grâce au stock d’obligations passées et aux poches de diversification mais des perspectives 2020 pessimistes avec la crise sanitaire actuelle

Du fait de la prépondérance de la part obligataire dans la structure des placements, les fonds généraux bénéficient d’une forte inertie des rendements qui explique en partie pourquoi l’érosion des taux de rendement reste contenue par rapport à la baisse de taux de marché qui sont par ailleurs entrés depuis la mi-année 2019 en territoire négatif (cf. Figure 1).

Un environnement de taux durablement bas place les assureurs dans une situation de réinvestissement à des conditions moins favorables, dans des actifs à des taux de plus en plus bas au fur et à mesure de l’arrivée à échéance des anciennes obligations en portefeuille, grevant la performance des fonds généraux sur le long terme et réduisant les espérances de revalorisation futures pour les assurés. D’où l’importance d’une bonne gestion de la duration des investissements obligataires adossant les engagements de retraite pour contenir la dilution du taux de rendement du fonds en euros.

Figure 1 – Taux moyen des OAT à 10 ans (Source : Banque de France)

Dans une moindre mesure, le rendement brut s’appuie aussi sur la recherche de surperformance au travers d’actifs diversifiés plus risqués (actions et immobilier en premier lieu). La Figure 2, comparant la performance annuelle de plusieurs indicateurs financiers, montre ainsi qu’à fin 2019 les actions et l’immobilier ont affiché une performance annuelle supérieure à celle des OAT à 10 ans (sur la base des indices CAC 40 et EDHEC IEIF de l’immobilier non coté).

Figure 2 – Performance des fonds généraux euros des assureurs en retraite comparée à la performance d’indices financiers

Si les marchés actions ont historiquement démontré de bonnes performances sur le long terme, cette source de diversification reste cependant limitée par le cadre de gestion prudentiel Solvabilité 2 plus pénalisant envers les classes d’actifs risqués. De plus, la forte baisse des marchés actions sur le mois écoulé dans le contexte de crise du covid-19 devra faire l’objet de mesures d’impact sur le ratio de solvabilité. À cet égard, le véhicule FRPS (Fonds de Retraite Professionnelle Supplémentaire) créé par l’ordonnance du 6 avril 2017 autorise un cadre de gestion financière plus adapté à l’horizon long terme des engagements de retraite et moins pénalisant du point de vue de la volatilité à court terme des marchés actions.

Au-delà, l’environnement économique de taux bas exerce des contraintes fortes sur les engagements en euros des organismes assureurs, tant du point de vue de la solvabilité et que de la rentabilité des portefeuilles vie. Avec la crise sanitaire actuelle impactant l’économie mondiale, il est de plus à craindre que les sources de diversification usuelles atteignent certaines limites pour porter le rendement comptable des fonds en euros sur l’année 2020. Face au caractère inédit de cette crise, le gouvernement français a ainsi enjoint les entreprises à suspendre ou réduire le versement de dividendes en 2020.

Des alternatives à une allocation « 100% euros » : les taux bonifiés et les nouveaux per créés par la loi pacte

Dans ce contexte, certains acteurs du marché de la retraite supplémentaire cherchent à inciter les entreprises et les assurés à limiter leurs encours placés sur le fonds euros en les orientant vers des supports en Unités de Comptes (UC).

Ainsi, certains assureurs proposent depuis plusieurs années des taux bonifiés du fonds en euros conditionnés à une allocation minimale des encours sur des supports en UC. Selon le même principe, d’autres assureurs proposent des conditions tarifaires plus avantageuses sur les chargements prélevés sur encours en euros en cas de maintien d’un niveau minimum d’encours en UC.

Par ailleurs, les nouveaux Plans Epargne Retraite (PER) créés par la loi PACTE (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) pour les contrats à cotisations définies devraient largement concourir à opérer un virage par rapport à la gestion « 100% Euros » : le cadre de gestion financière pilotée proposé par défaut dans ces nouveaux produits représente une alternative intéressante à la fois pour les assureurs, les entreprises souscriptrices et les épargnants au sens large en offrant des rendements espérés plus élevés à horizon de la retraite. Bien que les engagements en UC fassent supporter le risque financier par les assurés et souffrent de la volatilité actuelle des marchés financiers, les grilles de désensibilisation sont construites dans une perspective d’investissement à long terme et sont portées par des versements réguliers, ce qui leur permet en théorie de capter les effets de rebonds et de croissance économique dans la durée.

Au-delà de la performance des actifs, il est enfin important de rappeler que les souscripteurs de contrats collectifs doivent être vigilants sur plusieurs points pour suivre la revalorisation de leur contrat de retraite supplémentaire :

  • La politique de mise en provision d’une partie des rendements des actifs généraux (dans la « Provision pour Participation aux Excédents » notamment),
  • Les conditions contractuelles qu’ils ont négociées, sur les taux de participation aux bénéfices, sur les prélèvements sur encours en particulier.

C’est la combinaison de ces éléments et de la performance des fonds généraux qui donnera le rendement finalement attribué aux provisions. La dernière édition de l’étude annuelle de l’ACPR sur la revalorisation des contrats d’assurance-vie et de capitalisation portant sur des engagements à dominante retraite collective[3] indique que le taux de revalorisation moyen a été de 2,43% en 2018. Ce taux représente le taux moyen réellement servi en 2018 aux assurés au titre de l’exercice 2018. Cette étude révèle également que le taux de chargement moyen s’élève à 0,47%. Au vu de l’érosion du taux de rendement des fonds euros en assurance retraite en 2018-2019, la baisse du taux de revalorisation moyen du marché de la retraite collective devrait se poursuivre.

Les consultants de Galea suivent pour vous l’actualité et sont à votre disposition pour échanger sur vos dispositifs de retraite supplémentaire collective.

Les articles et opinions contenus dans ce document sont fournis à titre d’information générale. Nous recommandons qu’aucune décision ne soit prise sur la base de ce seul document, sans échanges préalables avec les équipes de GALEA & Associés. Par ailleurs, nous vous prions de nous excuser par avance pour toute erreur qui pourrait s’être glissée dans le document et vous invitons à nous la signaler.


[1] Le taux de rendement s’entend net des frais de gestion financière et brut des chargements contractuels (ces derniers sont propres à chaque contrat d’assurance). Les rendements communiqués par les assureurs n’ont pas fait l’objet d’un audit de la part des équipes Galea.

[2] Panel constitué des 10 organismes assureurs faisant partie du top 10 des acteurs du marché de la retraite supplémentaire : ils représentent plus de 85% du chiffre d’affaires de ce marché à fin 2018 et plus de 80% des encours à fin 2018 (source Argus).

[3] Source : https://acpr.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/20190717_as106_revalorisation_2018_contrats_collectifs.pdf

Le périmètre des contrats collectifs de cette étude publiée le 17 juillet 2019 couvre les contrats de retraite suivants : « article 83 », « article 82 », contrat retraite « Madelin », PERP, contrats de retraite professionnelle supplémentaire.


Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Scroll to top